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Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/302

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vous-même. Tenez, vous dites que madame de Noirac vous a permis de porter des secours à cette pauvre famille qui demeure là, au bout du village ? Allez-y, plaignez, assistez et consolez. Suivez votre pente, à vous, qui est l’abnégation de soi-même, le dévouement pour les autres. Un jour… bientôt, viendra la récompense.

JENNY. — Ah ! monsieur Jacques, je ne sais comment vous faites, mais vous ne savez pas dire un mot qui ne donne du repos et de la consolation.

(Elle s’en va vers le village.)

FLORENCE, accourant. — Ah ! elle vous quitte… lui avez-vous dit ?…

JACQUES. — Pas encore, pas encore, mon ami. Cette personne-là est un ange ; mais votre intention est si sérieuse que vous devez mettre ce jeune cœur à l’épreuve. S’il en sort triomphant, je ne craindrai pas de vous avoir laissé disposer de votre existence avec trop de précipitation.




SCÈNE XIV


Dans le chemin qui descend à la chaumière

DEUX ROUGES-GORGES, suivant Jenny le long du buisson.

Jenny, Jenny, c’est la bonne Jenny ! Viens, ma femelle mignonne, ne crains rien de la fille aux yeux bleus ! C’est elle qui, tous les jours, nous met du pain sur sa fenêtre. C’est elle que nous voyons dans la serre, où nous entrons comme chez nous. C’est elle qui nous laisse venir jusque dans sa chambre sans vouloir nous empêcher d’en sortir. Jenny, Jenny, c’est la bonne Jenny, c’est la fille aux yeux bleus qui nous aime !

LA FEMELLE DU ROUGE-GORGE. — Jenny, Jenny ! nous vois-tu ! nous entends-tu ? Tu vas là-bas porter du pain blanc aux petits enfants de la chaumière, et, au retour, tu nous donneras les miettes de ta corbeille. Moi aussi, vienne le prin-