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Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/306

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DAMIEN. — Qui grimpe aux treilles pour regarder dans les maisons ? Il y est, et il a fait une toilette… Oh ! je l’en prie, Maurice, viens voir son gilet !

MAURICE — Je n’ai pas le temps.

DAMIEN. — Si, si, ça en vaut la peine… Tiens, il parle à Jenny ! Veux-tu te cacher, hé ! serin ! Jenny ne l’entend pas. Bon ! c’est bien fait. Oh ! attention… Voilà le père Jacques, le père Ralph et… Diantre !

EUGÈNE, regardant. — Quoi donc ? Eh ! Maurice ! La femme de Ralph ! les filles de Ralph !

MAURICE, regardant. — En voilà un de public ! Ah ! si nous n’avons pas d’esprit avec des figures comme ça dans la tête !

DAMIEN. — Ma foi, je crois que la mère est aussi jolie que les filles.

EUGÈNE. — Elle est plus jolie ; mais c’est égal, je ne ferais pas le cruel avec ces filles-là !

MAURICE. — Ni moi non plus.

DAMIEN. — La grande est superbe. Ressemble-t-elle à son père, hein ?

EUGÈNE. — Et la petite lui ressemble aussi. Il ne peut pas les renier. Est-ce joli, ces tons fins.

MAURICE. — Les cheveux ondes naturellement, ça se voit. Et les mouvements, est-ce nature ?

DAMIEN. — Est-ce vrai, est-ce pur, est-ce enfant, cela ? Tiens, la petite est gaie ! Regarde-t-elle le théâtre avec ses grands yeux étonnés !

MAURICE. — Ah ça ! Émile est-il là pour faire les honneurs ? J’ai envie d’y aller, moi, pour les faire placer !

EUGÈNE. — En manches de chemise, malheureux ? Quand nous avons les mains pleines d’huile à quinquet ! Ne te montre pas comme ça, ou tu es perdu !

DAMIEN. — Voilà Émile qui les place ! Savez-vous que la mère a l’air plus duchesse, avec sa petite robe grise, que madame de Noirac dans son plus bel attirail !

MAURICE. — Voyons, voyons, préparons-nous. Est-ce qu’elle arrive, la châtelaine ?