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Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/200

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lui faire un peu de lecture, car vous pensez bien qu’il ne passera pas tout ce temps-là sans vouloir s’intéresser à quelque chose, et je lirai de manière à l’assoupir, à le disposer au sommeil. Voilà, c’est convenu. Seulement, aujourd’hui, nous allons être bien empêchés par madame d’Arglade.

— Aujourd’hui je me charge de tout, et madame d’Arglade part demain avec le jour ; donc mon frère est sauvé, et vous êtes un ange !


XIV


Le marquis, informé par son frère de tout cet arrangement, se soumit avec reconnaissance. Il était extrêmement faible et comme convalescent d’une crise aiguë qui l’avait, non pas épuisé, mais vaincu moralement presque autant qu’eût pu le faire une longue maladie. Il ne pouvait plus combattre son amour, sa résistance était à bout, et, ne sentant plus dans cet état de faiblesse les orages et les dangers de la passion, il se livrait à la douceur d’être l’objet d’une tendre sollicitude. Le duc ne lui permettait pas d’interroger l’avenir. — Tu ne peux prendre aucune détermination dans l’état où te voilà, lui disait-il. Tu n’as pas ton libre arbitre ; sans la santé, point de clairvoyance morale. Laisse-nous te guérir, et tu verras