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Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/215

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Roncevaux ; mais c’était là l’empire du rêve, et la réalité ne me parlait pas. Depuis que je vous ai vue regarder l’horizon sans rien dire, avec un air de contentement dont rien n’approche, je me suis demandé le secret de vos joies, et, s’il faut tout dire, votre malade égoïste a bien été un peu jaloux de tout ce qui vous charmait. Il s’est mis à regarder aussi avec inquiétude. Alors il en a pris son parti, car il a senti qu’il aimait ce que vous aimiez.

« Tu penses bien qu’en me parlant ainsi, ma chère petite sœur, monsieur le marquis mentait effrontément, car on voit à toutes ses remarques et à toutes ses manières de parler qu’il a un véritable enthousiasme d’artiste pour la nature comme pour tout ce qui est beau ; mais il est si naïvement bon pour moi dans sa reconnaissance, qu’il ment de bonne foi, et s’imagine me devoir quelque chose de nouveau dans sa vie intellectuelle. »


XV


Un matin, le marquis, écrivant à la grande table de la bibliothèque, tandis que Caroline feuilletait des cartes à l’autre bout, posa sa plume, et lui dit avec émotion :

— Mademoiselle de Saint-Geneix, je me rappelle