Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ni dans les allées ombragées de la vallée suisse du Jardin des Plantes, il ne lui parla de lui-même. Ce ne fut qu’au moment de revenir, et en s’arrêtant avec elle sous les branches pendantes du cèdre de Jussieu, qu’il lui dit du ton le plus détaché et en souriant : — Savez-vous que c’est aujourd’hui que ma présentation officielle à mademoiselle de Xaintrailles doit avoir lieu ?

Il sembla au marquis qu’il sentait tressaillir le bras de Caroline appuyé sur le sien ; mais elle lui répondit avec sincérité et avec résolution : — Non, je ne savais pas que ce fût aujourd’hui.

— Si je vous parle de cela, reprit-il, c’est parce que je sais que ma mère et mon frère vous ont tenue au courant de ce beau projet. Moi, je ne vous en ai jamais parlé ; cela n’en valait pas la peine !

— Vous avez donc cru que je ne m’intéresserais pas à votre bonheur ?

— Mon bonheur ! est-ce qu’il peut être dans les mains d’une inconnue ? Et vous, mon amie, pouvez-vous parler ainsi, vous qui me connaissez ?

— Alors… je dirai le bonheur de votre mère, puisqu’il dépend de ce mariage.

— Oh ! ceci est une autre affaire, reprit vivement M. de Villemer. Voulez-vous que nous nous reposions sur ce banc, et puisque nous trouvons ici la solitude, voulez-vous me permettre de vous parler un peu de ma situation ?

Ils s’assirent. — Vous n’aurez pas froid ? reprit le