Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/248

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m’abuse sur Diane. Elle juge que le titre de duchesse siéra mieux à sa figure de reine ; elle est portée à aimer le monde, et comme depuis quelque temps je ne sais qui lui avait appris que le marquis ne l’aimait pas du tout, je la voyais inquiète sans en savoir la cause. Elle m’a tout avoué. Elle m’a dit que, comme frère, le marquis est tout ce qu’elle peut désirer de mieux, mais que, comme mari, le duc lui montre la vie plus riante. Bref, ma chère, elle me parait si décidée que je n’ai plus qu’à vous servir de tout mon pouvoir dans ce cas imprévu comme dans l’autre.

« Je vous conduirai ma fille demain dans la matinée, et comme Diane sera avec nous, vous la verrez sans avoir l’air de vous douter de rien ; mais vous achèverez de la séduire, j’en suis bien sûre. »

Pendant que la marquise et le duc se livraient au bonheur, Caroline se trouvait un peu plus seule, car le fils et la mère avaient dans la journée de longs entretiens où elle était naturellement de trop, et pendant lesquels elle faisait de la musique ou sa propre correspondance au salon, toujours désert jusqu’à cinq heures. Là, elle ne gênait personne et se tenait prête à répondre au moindre appel de la marquise.

Un jour le marquis entra avec un livre, et, s’asseyant d’un air étrangement résolu et tranquille à la même table où elle écrivait, il lui demanda la permission de travailler dans cette pièce où l’on respirait mieux que dans sa petite chambre. C’est à la condition, lui dit-il, que je ne vous mettrai pas en fuite, car je vois très