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Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/275

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vous êtes trop noble pour me punir de mes soupçons en jouant avec mon repos. Eh bien ! permettez-moi de dire à mon fils Urbain qu’il avait fait un rêve, et que ce mariage est impossible, non par ma volonté, mais par la vôtre.

Cette parole imprudente éclaira Caroline. Elle comprit l’admirable délicatesse qui avait porté le marquis à s’adresser à sa mère avant de lui déclarer sa passion ; mais elle n’abusa pas de cette découverte, car elle vit combien la marquise repoussait l’idée de leur mariage. Elle attribua cette rigueur à l’ambition qu’elle lui connaissait et qu’elle avait depuis longtemps prévue. Elle était bien loin de croire qu’après avoir cédé sans trop de résistance, la marquise ne retirait sa parole que parce qu’elle croyait à la souillure d’une faute. — Madame la marquise, répondit-elle avec une certaine sévérité, vous ne devez jamais avoir tort aux yeux de votre fils, je comprends cela, et, quant à moi, je n’ai à craindre de sa part aucun reproche en déclinant l’honneur qu’il voulait me faire. Vous lui direz au reste ce que vous croirez devoir lui dire : je ne serai pas là pour vous démentir.

— Quoi ! vous voulez me quitter ? s’écria madame de Villemer, effrayée d’un résultat qu’elle n’avait pas prévu si soudain, bien qu’elle l’eût secrètement désiré. Non, non ! cela est impossible ! ce serait tout perdre… Mon fils vous aime avec une impétuosité… dont je ne crains pas les suites pour l’avenir si vous m’aidez à les combattre, mais dont je crains la vivacité dans le