Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

raque. Il ne m’a pas aperçue, et moi je l’ai vu ! Je suis plus tranquille. Partons ; mais tu vas me jurer sur ton honneur, ajouta-t-elle en s’approchant du marchepied de la carriole, que, s’il était pris cette nuit d’un étouffement, tu viendrais me chercher, quand tu devrais crever ton cheval ! Il le faut, vois-tu ! Moi seule je sais soigner ce malade-là. Et vous autres, vous le verriez mourir chez vous ! Vous auriez cela sur la conscience à tout jamais !

Peyraque promit, et ils partirent. Le temps était affreux et le chemin effroyable ; mais Peyraque en connaissait tous les trous et toutes les pierres. D’ailleurs la distance était courte. Il installa Caroline chez sa parente et fut de retour chez lui à onze heures.

Le marquis s’était senti mieux, il s’était couché après avoir causé avec Justine de si bonne amitié qu’elle en était ravie. — Vois-tu, Peyraque, cet homme-là, disait-elle, c’est un cœur comme celui de… Et je comprends bien, moi…

— Tais-toi ! dit Peyraque, qui savait le peu d’épaisseur du plancher ; puisqu’il dort, c’est à nous de dormir aussi.

La nuit fut parfaitement tranquille à Lantriac. Le marquis reposa réellement et s’éveilla à deux heures, débarrassé de la fièvre. Il se sentait pénétré d’un calme agréable qu’il n’avait pas connu depuis longtemps, et qu’il attribua à quelque doux rêve déjà effacé, mais dont l’impression devait être restée en lui. Ne voulant pas réveiller ses hôtes, il se tint immobile, regardant