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Page:Sand - Le compagnon du tour de France, tome 1.djvu/219

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parler à M. de Villepreux. On l’introduisit, comme la veille, dans le cabinet. Yseult n’y était pas. Pierre entra sans crainte.

— Voilà, dit-il, ce que mon ami a essayé. Cela me semble bien ; mais je ne m’y connais pas assez pour en décider.

— Comment ! une figure ? s’écria le comte. Mais je n’avais pas demandé cela ; ou, pour mieux dire, je n’avais pas compté là-dessus, ajouta-t-il en regardant la figure avec étonnement.

— Cela ne fait-il pas partie des ornements que monsieur le comte voulait nous confier ?

— Ma foi ! je n’ai pas même songé à vous dire que j’enverrais à Paris quelques-uns des modèles pour les faire copier par des gens de l’art. Je n’aurais jamais cru que votre ami osât entreprendre une chose de cette importance. Son audace m’étonne un peu, je l’avoue… mais ce qui m’étonne beaucoup c’est le succès ; car cela me paraît remarquable. Pourtant, comme je ne suis guère meilleur juge que vous, je vais montrer cela à ma fille, qui dessine fort bien et qui a beaucoup de goût.

Le comte sonna.

— Ma fille est-elle au salon ? demanda-t-il à son valet de chambre.

— Mademoiselle est dans son cabinet de la tourelle, répondit le valet.

— Priez-la de venir me trouver, reprit le comte.

— Dans la tourelle ! pensa Pierre Huguenin. Elle était là tout à l’heure pendant que j’étais dans l’atelier, et je ne le soupçonnais pas ! Et pourtant la porte n’est pas encore replacée !…

Son cœur battit avec force lorsque Yseult entra.

— Regarde cela, mon enfant, dit le comte en lui montrant la tête sculptée ; qu’en penses-tu ?