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PROCOPE LE GRAND.

nommé le Petit, un des chefs des Orphelins. Toutefois l’historien Jacques Lenfant, qui a étudié et résumé les chroniques relatives à cette époque, affirme positivement que ce furent ses exploits militaires qui lui firent donner le nom de Grand.

Procope commença sa nouvelle carrière par une course en Autriche et par la prise de plusieurs places, entre autres celle de Hraditz qui était extrêmement forte, et où le combat fut acharné. La ville fut brûlée, et les habitants massacrés. Dans le même temps les Hussites firent une course dans la Misnie, avec quatre mille lances, c’est-à-dire seize à vingt mille hommes, et prirent une autre place forte avec la même fureur et les mêmes scènes de carnage. Harcelés de tous côtés, anathématisés par le concile de Sienne et menacés d’une nouvelle croisade, les Bohémiens obéissaient à la nécessité de poursuivre le terrible système de Ziska.

Martin V fit jouer tous les ressorts de la politique pour réunir tous les rois, tous les princes et tous les évêques de l’Allemagne et des pays slaves du nom chrétien, contre les Hussites, pour extirper l’infâme hérésie, et pour exterminer tous les hérétiques. Il autorisa les princes de l’Église à lever des impôts extraordinaires pour les frais de la guerre sainte. Il écrivit à Sigismond qu’il devait, en cette circonstance, justifier sa qualité d’empereur, c’est-à-dire celle de défenseur de l’Église, que cette dignité lui impose. Enfin, il exhorta tous les souverains à oublier leurs propres querelles, et à se réconcilier pour l’amour de Dieu et pour l’extinction de l’hérésie.

À ces menaces, les Bohémiens répondirent « qu’on les attaquait contre tout droit divin et humain ; qu’on les diffamait sans preuve, et sans avoir voulu les entendre ;