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PROCOPE LE GRAND.

Moraves s’y rendirent, et qu’ils y furent convertis au hussitisme, car il prend soin de dire que ce furent de pauvres gens, de ceux, par conséquent, qui se vendent au plus offrant. Il assure qu’aucun grand de Moravie ne daigna s’y rendre, d’où il s’ensuit apparemment que la foi catholique fut sauvée en cette occurrence. De quel poids pourrait être, en effet, la conversion des pauvres gens ? Les députés de Pilsen ne furent sans doute pus bien féroces, car ils obtinrent une nouvelle trêve.

Procope, après avoir séjourné quelque temps à Prague, pour y pacifier toutes choses autant qu’il put, alla assiéger Kolin, avec ceux de Prague. Mais la défense fut si vigoureuse, qu’il fallut appeler les Taborites et les Orphelins. Ils finirent par s’en rendre maîtres, mais non sans beaucoup de pertes et de revers. Procope y fut blessé d’une balle de plomb.

Au commencement de l’an 1423, il y eut en Bohême une nouvelle conférence pour pacifier les démêlés de religion, et formuler les dogmes hussitiques. Tout cet enfantement d’une nouvelle Église était laborieux et ne devait aboutir qu’à une immense élaboration de matériaux pour l’avenir. Les Orphelins, les Taborites et les Calixtins formaient à cette époque trois partis bien tranchés. On connaît et on apprécie les dissentiments des deux dernières sectes, mais on ne sait pas quelles idées séparaient les Taborites des Orphelins. La partie la plus importante de cette révolution est encore enveloppée de nuages, les historiens s’étant beaucoup plus occupés des effets que des causes. À la guerre, ils nous montrent constamment les Orphelins entreprenant les choses les plus téméraires, et sans doute avec moins de science et de tactique que les Taborites ; car ils échouent souvent, éprouvent des pertes terribles, et sont même raillés par les Taborites, qui, les voyant