Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/115

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la lune qui baignait ses blanches épaules et détachait sa petite tête posée sur un cou élancé et puissant comme un fût de colonne. Je ne pouvais distinguer ses traits, car elle était placée à une certaine hauteur ; mais son attitude dégagée se dessinait en lignes brillantes d’une grâce incomparable.

— C’est véritablement là, pensai-je, l’idée que j’aimerais à me faire de la dame verte, car il est certain que, vue ainsi…

Tout à coup, je cessai de raisonner et de penser. Il me semblait voir remuer la statue.

Je crus qu’un nuage passait sur la lune et produisait cette illusion ; mais ce n’en était pas une. Seulement, ce n’était pas la statue qui remuait, c’était une forme qui se levait de derrière elle, ou d’à côté d’elle, et qui me paraissait toute semblable, comme si un reflet animé se fût détaché de ce corps de marbre et l’eût quitté pour venir à moi.