Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/144

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der le secret ; j’étais perdu comme avocat, si l’on me faisait, dans le pays, la réputation d’un visionnaire ; mon père s’en affecterait beaucoup.

— Ne craignez rien, me répondit-elle ; je vous réponds de la discrétion de mes gens ; assurez-vous du silence de votre valet de chambre, et cette aventure ne sortira pas d’ici. D’ailleurs, quand même on raconterait quelque chose, nous en serions tous quittes pour dire que vous avez eu un accès de fièvre, et qu’il a plu à ces esprits superstitieux de l’interpréter au gré de leur crédulité. Au fond, ce serait la vérité. Vous avez pris un coup de soleil en venant ici à cheval par une journée brûlante. Vous avez été malade dans la nuit. Les jours suivants, je vous ai tourmenté avec ce malheureux procès, et, pour vous amener à mon avis, je n’ai reculé devant rien !

Elle s’arrêta, et, changeant de ton :

— Vous souvient-il de ce que je vous ai dit avant-hier, dans la bibliothèque ?