Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/198

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moi qui m’étais fiancé à l’éternelle solitude.

Il est vrai que, depuis ma liaison avec Bernard, je marchais à grands pas vers la guérison. Son caractère plein d’initiative m’avait arraché bon gré, mal gré, à mes habitudes de tristesse. En m’arrachant aussi mon secret, il m’avait soustrait à la funeste tendance qui me portait vers le détachement de toutes choses.

— Un secret sans confident est une maladie mortelle, m’avait-il dit.

Et il m’avait écouté divaguer, sans paraître s’apercevoir de ma folie : tantôt il avait semblé la partager, tantôt il m’avait adroitement présenté des doutes qui m’avaient gagné. J’en étais arrivé, la plupart du temps, à croire que, sauf l’inexplicable fait de la bague, mon imagination avait tout créé dans mes aventures fantastiques.

Je trouvai chez M. d’Aillane toute la supériorité de cœur et d’esprit que ses enfants m’avaient