Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/201

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mon tour pourquoi il m’avait si peu parlé d’elle.

— Est-il possible, lui dis-je, que vous ne l’aimiez pas autant qu’elle vous aime ?

— Je serais, répondit-il, un étrange animal si je n’adorais pas ma sœur. Mais vous étiez si préoccupé de certaines idées, que vous ne m’auriez pas seulement écouté si je vous eusse fait son éloge. Et puis, dans la situation où nous étions et où nous sommes malheureusement encore, ma sœur et moi, il ne convenait guère que j’eusse l’air de vous la proposer.

— Et comment eussiez-vous pu avoir l’air de me faire un pareil honneur ?

— Ah ! c’est qu’il y a une circonstance singulière dont j’ai été bien des fois sur le point de vous parler, et que vous avez certainement déjà remarquée : la ressemblance étonnante de Félicie avec la néréide de Jean Goujon, dont vous étiez épris au point de prêter ses traits à votre fantôme.