Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/53

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accès fréquents, non pas sans souffrance et sans tristesse, mais sans terreur, et en se rendant très-bien compte de l’état d’illusion où elles se trouvaient.

Dans ma jeunesse, on n’était pas si avancé. Il n’y avait guère de milieu entre la négation absolue de toute vision et la croyance aveugle aux apparitions. On riait de ceux qui étaient tourmentés de ces visions, que l’on attribuait à la crédulité et à la peur, et que l’on n’excusait que dans le cas de grave maladie.

Il m’arriva donc, pendant ma terrible insomnie, de m’interroger sévèrement et de me faire une très-dure et très-injuste réprimande sur la faiblesse de mon esprit, sans songer à me dire que tout cela pouvait être l’effet d’une mauvaise digestion ou d’une influence atmosphérique. Cette idée me fût venue difficilement ; car, sauf un peu de fatigue et de mauvaise humeur, je ne me sentais pas du tout malade.