Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/74

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pour sauver des malheureux. Faites que je puisse voir en vous un ami selon mon cœur, bien plutôt qu’un légiste infaillible et un avocat implacable !

En me parlant ainsi, elle me tendait la main et m’inondait du feu enthousiaste de ses beaux yeux bleus. Je perdis la tête, et, couvrant cette main de baisers, je me sentis vaincu. Je l’étais d’avance, j’étais de son avis avant de l’avoir vue.

Je me défendis cependant encore. J’avais juré à mon père de ne pas le faire céder aux considérations de sentiment que sa cliente lui avait fait pressentir par ses lettres. Madame d’Ionis ne voulut rien entendre.

— Vous parlez, me dit-elle, en bon fils qui plaide la cause de son père ; mais j’aimerais mieux que vous fussiez moins bon avocat.

— Ah ! madame, m’écriai-je étourdiment, ne me dites pas que je plaide ici contre vous, car