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Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/108

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— Vous ne me répondez pas, dit-il ; vous voulez mon avis ; donc, votre agitation ne vous a permis de rien conclure, et vous êtes entre le oui et le non, absolument irrésolue.

— C’est vrai, mon ami, je n’ai pas pesé les inconvénients d’un pareil mariage. Je ne l’admets pas sans que Gaston soit éclairé sur la position sociale qu’il peut réclamer. C’est le seul point sur lequel ma conscience soit fixée ; mais sur ce point elle est inébranlable.

— Votre scrupule est très-juste, répondit le marquis. En toute autre circonstance, il faudrait obéir à ce cri de votre cœur, à cette revendication de votre dignité ; mais ici je vous apporte un élément nouveau qui a persuadé Ambroise, le plus positif, par conséquent le plus récalcitrant de nos confidents : c’est la circonstance de mon adoption qui dédommage largement Gaston. En doutez-vous ? tenez, voici les titres de ma fortune qu’avec le temps j’ai pu réaliser et mettre à l’abri de toute revendication de ma famille ; je n’ai point de proche parent ni de parents pauvres. Ma conscience, à moi, m’autorise à disposer de ce portefeuille qui représente la propriété de trois millions. Je doute que Roger en trouve autant dans la succession de son père. Qu’en pense monsieur Charles ?

— Je pense comme vous, monsieur le marquis,

— Est-ce le nom, reprit le marquis en s’adres-