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XI


Je trouvai Montesparre bien changé. Cette riante maison, pleine autrefois des sons de la musique de danse et des fanfares de la chasse, était muette et comme abandonnée. La comtesse et la baronne étaient encore jeunes et toujours belles pourtant ; mais la comtesse y retrouvait le souvenir d’un événement qui avait torturé sa vie, et où la baronne avait vu se flétrir sa plus douce illusion. Pour comble de douleur, elle y avait perdu son fils unique, sa plus chère consolation, et, au fond du jardin, dans un coin jadis aimé d’elle, les roses fleurissaient sous les cyprès autour d’un tombeau de marbre blanc qui ne portait que ces mots : Ange de Montesparre, quinze ans.

Elle y allait tous les matins pleurer seule et en se cachant bien. Le reste du jour, elle était animée, affable, occupée des autres, hospitalière avec une grâce infinie ; mais elle recevait peu de visites et