Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/193

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M. de Salcède me laissa déposer les cent mille francs sur son bureau. Il me regardait attentivement et paraissait m’étudier. Cela me gênait, je craignais de me laisser entraîner à me poser devant lui en homme trop content de lui-même, et pourtant je sentais le besoin et j’usais du droit de me relever dans son opinion.

— Vous ne concluez pas, me dit-il, voyant que j’attendais sa réplique. Vous ne me dites pas comment vous jugez votre situation présente et ce que vous comptez faire.

— Je croyais l’avoir dit, monsieur, je veux m’en aller loin d’ici et de tous les Flamarande. Je les regretterai, je le sais, car je les ai tous aimés, et je pleurerai Roger, que j’aimais le plus ; mais je sens que mon rôle est fini, et, puisqu’il a mal fini, j’aime autant échapper aux reproches. Je vous donne ma parole d’honneur qu’en sortant de chez vous je pars pour toujours, et que vous n’entendrez plus jamais parler de moi.

— Permettez-moi une dernière question, monsieur Charles. Partirez-vous avec la conviction que vous vous êtes trompé, que madame de Flamarande est irréprochable et que Gaston de Flamarande est aussi légitime que Roger ? Mon devoir est, au cas où il vous resterait quelque doute, de vous donner toutes les explications que vous pourrez demander. Vous voyez que je vous traite en homme sérieux.