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Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/46

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et on me présenta officiellement Charlotte, que j’avais déjà aperçue, mais qui vint m’embrasser en m’appelant son parrain. C’était une angélique créature, la distinction même dans son petit habillement de deuil en sergette noire, l’air intelligent et affectueux. Je fus touché de son accueil jusqu’au fond du cœur, et le désir de la voir heureuse vint se joindre à celui de lui voir retenir Gaston au fond de sa montagne. Je reconnus bien vite que personne ne se doutait de la vérité relativement à lui, sinon Ambroise Yvoine, qui savait tout et n’en faisait rien paraître. Il était très-franc malgré sa grande habileté, et je vis, à l’accueil vraiment cordial qu’il me fit, qu’il n’avait aucun soupçon de mon exploration au Refuge.

J’étais donc tenu par ces braves gens, comme par madame de Flamarande et par Roger, pour le plus excellent et le plus délicat des hommes. Je vis bientôt que M. de Salcède et madame de Montesparre avaient de moi la même opinion, et ce fut Ambroise qui, dans la soirée, en fumant sa pipe avec moi dans le jardin, — il méprisait mes cigares, — me mit au courant de ma situation dans les esprits.

— Voyez-vous, me dit-il, quand je vous ai reconnu déguisé, dans le temps, à la Violette, amenant ici le petit, je me suis dit que vous étiez un malin et que vous vouliez cacher quelque secret de votre maître. Mon idée a été d’abord que l’en-