Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/60

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M. de Salcède. Vous savez la vérité, vous, sur la cause de cette querelle, dont les résultats, après avoir été si funestes à M. de Salcède, sont, aujourd’hui si graves pour madame de Flamarande. — Je ne vous la demande pas, cette vérité, je ne veux pas la savoir. Vous connaissez mon secret, à moi. Il est très-simple, et je n’ai pas lieu d’en rougir. J’ai aimé M. de Salcède d’une amitié très-vive ; je l’aime aujourd’hui d’une amitié plus calme, mais tout aussi dévouée. Je ne veux pas savoir non plus s’il aime toujours d’amour madame de Flamarande, ni si l’affection qu’elle lui porte, et qu’elle lui doit, est de la passion ou de la reconnaissance. Au moment où nous sommes, je vois cette femme excellente accablée d’un chagrin mortel devant la nécessité de vivre éloignée de son fils aîné. J’ai approuvé, j’approuve qu’il ne soit pas réintégré dans sa famille ; mais ce que je ne pouvais dire qu’à vous, ce que je n’oserais pas encore lui dire à elle-même, c’est qu’il n’y a pour elle qu’un moyen de vivre avec ses deux fils, sans cesser d’être irréprochable aux yeux du monde et de Roger ; ce moyen…, ne le devinez-vous pas ?

— Je n’en vois pas d’autre, répondis-je, qu’un mariage, dans un ou deux ans, entre M. de Salcède, père adoptif de Gaston, enfant inconnu, et madame veuve de Flamarande, mère d’un fils unique, le comte Roger.

— Parfaitement ; grâce à cette combinaison, le