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Page:Sand - Les Maitres sonneurs.djvu/14

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vi
Préface

naïveté touchante, qui lui échappe : « Est-ce que la République ne serait qu’un parti ? » L’évanouissement de ses rêves lui fut si cruel, qu’elle renonça, pour tout la reste de sa vie, à s’occuper de politique.

D’autre part, en 1850, le mouvement romantique était sur son déclin, s’il ne faut pas dire qu’il avait pris fin.

Que restait-il à George Sand comme inspiration, comme matière de ses pensées, de ses conceptions, de son travail intérieur ? Rien, si ce n’est le fond même de son cœur et de son caractère, et, pour ainsi dire, de son tempérament ; rien, si ce n’est ce qu’elle avait de plus intime ; rien, si ce n’est ce qui, à l’état latent, pour ainsi dire, avait toujours été sa principale et essentielle source ; rien, si ce n’est son originalité même, c’est-à-dire le sentiment profond de la nature rustique et l’amour profond de la nature rustique.

Car, remarquez-le bien, si de 1830 à 1838 George Sand subit l’influence romantique, si de 1838 à 1848 George Sand subit l’influence républicaine socialiste, à travers ces influences ce qu’elle a en propre perce toujours, le goût du paysage et le goût des mœurs rustiques. Il y a des paysages romantiques, mais des paysages, dans Lélia, et même avec une certaine profusion ; il y en a, et, notez ce point, plus rapprochés, plus réels, appartenant déjà à un pays précis, et c’est à savoir à la France centrale, dans Valentine ; il y en a, et du même caractère, dans Mauprat, 1836.

Mauprat, pour s’y arrêter un instant, est même bien caractéristique à cet égard, et à quelques autres. Il est une synthèse, ou, si vous le préférez, un confluent, des diverses inspirations, originales et étrangères, de George Sand. C’est un roman historique, et le goût de