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Page:Sand - Les Maitres sonneurs.djvu/279

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vers la maison. — Ce maudit gars, me dit Brulette, ne décote pas d’être en malice, et je ne sais qui serait capable de le gouverner.

— Es-tu sûre, lui dis-je, que la Lamouche en prend le soin qu’elle t’a promis ?

— Sans doute, sans doute. Elle n’a que ça à faire, et je l’en récompense de manière à la contenter.

Mais Charlot braillait toujours, et la maison nous paraissait fermée comme si tout le monde en fût sorti.

Brulette se mit de courir et eut beau cogner à la porte de la voisine, personne ne répondit, sinon Charlot qui criait encore plus fort, soit de peur, soit d’ennui ou de rage.

Je fus obligé de monter sur le chaume de la maison et de descendre en la chambre par la trappe du fenil. J’ouvris vitement la porte à Brulette, et nous vîmes Charlot tout seul, se roulant dans les cendres, où, par bonheur, il ne se trouvait plus de feu, et violet comme une bette à force de hurler.

— Oui-dà ! dit Brulette, est-ce ainsi qu’on garde ce pauvre petit malheureux ? Allons ! qui prend enfant prend maître. J’aurais dû le savoir, et ne me point charger de celui-ci ou renoncer à tout divertissement.

Elle emporta Charlot en son logis, moitié apitoyée, moitié impatientée, et, l’ayant lavé, repu et reconsolé de son mieux, elle le mit dormir et s’assit bien soucieuse, la tête dans ses mains. J’essayai de lui remontrer qu’il n’était pas malaisé, en faisant le sacrifice de l’argent qu’elle empochait, de confier ce petit à quelque femme bien douce et bien soigneuse.

— Non, fit-elle. Il faudra toujours le surveiller, puisque j’ai répondu de lui, et tu vois ce que c’est que la surveillance. Pour un jour qu’on croit pouvoir y manquer, c’est justement ce jour-là qu’il aurait fallu n’y manquer point. D’ailleurs, cela ne se peut, ajouta-t-elle en pleurant. Ce serait mal, et je me le reprocherais toute ma vie.