Page:Sand - Les Maitres sonneurs.djvu/334

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Il n’est pas bien commode avec les personnes qu’il ne connaît point, et je voudrais ou l’emmener ou vous aider à le garder.

— Il n’est pas commode ? dit Thérence en le prenant sur ses genoux. Bah ! qu’est-ce qu’il y a donc de si malaisé à gouverner une marmaille comme ça ? Je n’y ai jamais essayé, mais il ne me paraît pas qu’il y faille tant de malice. Voyons, mon gros gars, que te faut-il ? Veux-tu point manger ?

— Non, dit Charlot, qui boudait sans oser le montrer.

— Oui-dà, c’est comme il te plaira ! Je ne le force point ; mais quand tu souhaiteras ta soupe, tu pourras la demander ; je veux bien te servir, et mêmement t’amuser, si tu t’ennuies. Dis, veux-tu t’amuser avec moi ?

— Non, dit Charlot en fronçant sa figure bien fièrement.

— Or donc, amuse-toi tout seul, dit tranquillement Thérence en le mettant à terre. Moi, je vas aller voir le beau petit cheval noir qui mange dans la cour.

Elle fit mine d’y aller, Charlot pleura. Thérence fit semblant de ne pas l’entendre, jusqu’à ce qu’il vînt à elle.

— Eh bien, qu’est-ce qu’il y a ? dit-elle, comme étonnée ; dépêche-toi de le dire, ou je m’en vas ; je n’ai pas le temps d’attendre.

— Je veux voir le beau petit cheval noir, dit Charlot en sanglotant.

— En ce cas, viens, mais sans pleurer, car il se sauve quand il entend crier les enfants.

Charlot rentra son dépit et alla caresser et admirer le clairin.

— Veux-tu monter dessus ? dit Thérence.

— Non, j’ai peur

— Je te tiendrai.

— Non, j’ai peur.

— Eh bien, n’y monte pas.