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lettres à marcie

est libre et réfléchi, l’union est assortie et paisible. La femme a les fatigues du ménage, et l’époux celles de l’établissement, deux manières diverses, mais également nécessaires et par conséquent nobles, de travailler pour la famille. L’union est-elle troublée (et dans la généralité l’on peut croire que le mal vient des deux côtés), la femme a des consolations certaines, un but bien déterminé ; les joies de la maternité sont immuables pour elle. Quelles que soient les douleurs de son âme, les troubles de sa conscience, les incertitudes de son esprit, le sourire de ses enfants a toujours le même charme ; leurs moindres mouvements recèlent toujours cette magique influence qui répand sur tout l’être maternel une satisfaction céleste. Qu’on ne dise pas que la femme aime l’enfant à proportion de l’amour que lui inspire l’époux ; cela n’est vrai que pour de déplorables exceptions ou pour des âmes malades. Il y a deux natures distinctes dans la femme, celle de l’amante et celle de la mère. L’amante est passionnée, inégale, fantasque, souvent sublime, souvent injuste et souvent infortunée ; la mère est toute équité, toute bonté, toute sérénité.

Elle est animée d’un sentiment angélique, elle se sent revêtue malgré elle, et quelle qu’elle soit par elle-même, d’une mission divine. Elle transmet la vie, et, n’importe la valeur de l’être qu’elle a mis au jour, elle le protège et le conserve. Là est sa grandeur, là est sa gloire. Qu’elle ne cherche pas les joies étrangères, car elles lui feraient négliger la première de toutes.

Poursuivons le parallèle. L’époux que sa femme trahit et tourmente cherche au dehors l’agitation ou la gloire. Vaine ou fondée, cette gloire ne le console pas entièrement. Utile ou dangereuse, cette agitation