Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/17

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— Où donc est-elle ?

— Au couvent ; elle n’a point de mère. Elle est élevée en fille de bien et en bonne catholique.

— Ah ! tu sais…

— Je sais que ce n’est pas là un bon point selon toi, madame la huguenote. Moi, la religion, ça m’est égal.

— Malheureusement !

— Peut-être. Je penserai à cela plus tard, tu me convertiras ; mais il faut bien que cette fille soit élevée dans la religion de son pays et de sa famille, et je te dis qu’elle est bien élevée, une vraie demoiselle. Tous les écoliers et messieurs de Pampelune en sont fous. Quand elle va à l’église avec ses compagnes, elle a de la peine à passer à travers les œillades et les soupirs de cette belle jeunesse. Figure-toi une taille fine, souple comme la couleuvre, des yeux bleus avec des cils noirs, une chevelure, des dents, un air…

— Bien, bien, on dirait que tu en es amoureux !

— Je le serais, si je ne l’étais d’une autre, la seule que j’aie aimée, la seule que j’aimerai jamais.

— Flatteur ! où veux-tu en venir ? tu ne comptes pas marier ton fils à seize ans, et si tu crois que cette belle Manuela attendra qu’il ait âge d’homme…

— Elle attendrait fort bien si elle l’aimait, et elle