Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/211

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— Sans dot, l’honnête homme qui vous prendrait ne serait pas un homme raisonnable, à moins qu’il ne fût très-riche.

— Parce que je ne sais rien faire, parce que je suis une sultane ; c’est pour cela ! Je comprends ; eh bien, alors je renonce au mariage ; mais je veux m’en aller d’ici, je m’en irai. J’en ai eu cent fois la tentation, à présent, j’en ai la volonté.

— Où irez-vous ?

— Quelque part où je pourrai travailler et ne rien devoir à personne.

— Travailler à quoi ?

— C’est vrai, je ne sais rien faire ; pourtant, je parle espagnol et français.

— Moins correctement que la Dolorès, qui s’estime heureuse d’être femme de chambre.

— Ma mère gagnait son pain à enluminer des images. On vit de rien à Paris, quand on aime Paris, parce que le plaisir d’y être tient lieu de tout. Oui, oui, j’y retournerai, et je redeviendrai ouvrière. Je serai très-heureuse comme cela !

— Peut-être, pourvu que vous ayez quelque avance, cela ira très-bien jusqu’à ce que vous rencontriez l’amour qui vous relèvera peut-être, mais qui peut-être aussi vous jettera dans le ruisseau ! Tenez, tous vos