Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/258

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en six mois ; si elle épouse, elle en aura au plus pour six jours.

— À présent, me dit M. Brudnel quand nous fûmes seuls, tout est changé ; nous avons deux chances pour la perdre, une seule pour la sauver ; j’imagine, mon ami, que vous n’hésitez pas.

— Je pars à l’instant même, répondis-je.

— Vous renoncez à elle, reprit-il avec vivacité : pour toujours, même quand elle guérirait ?

— Dans ce cas, je ne le puis ni ne le dois. Je lui ai donné ma parole ; elle seule peut me la rendre.

— Vous penseriez ainsi, même quand votre mère vous conseillerait autrement ?

— Ma mère ne peut me conseiller de manquer à une parole, même imprudemment donnée.

— Une promesse qui causerait la mort de la personne aimée n’est-elle pas non avenue le jour où vous en connaissez les fatales conséquences ?

— Nous ne raisonnons ici que sur une hypothèse. Vous avez supposé le cas de guérison complète.

— Très-bien ; mais il y a encore un cas à prévoir, celui où Manuela guérie réclamerait de vous sa liberté.

— Je n’aurais qu’à me soumettre, répondis-je. Et je pris congé de lui. Il me semblait tout à fait dé-