Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jours à Marseille ; il me promit de s’informer de la santé de Manuela et de m’en donner des nouvelles. Je l’avais présenté à M. Brudnel, qui lui avait fait bon accueil et l’avait engagé à revenir.

Ma mère m’attendait, bien que je ne lui eusse pas annoncé ma si prompte arrivée. Elle avait correspondu avec M. Brudnel, et je la trouvai informée grosso modo de mes secrets de cœur.

— Puisque tu n’as pas eu le courage de m’écrire tout cela, me dit-elle, c’est qu’il y a quelque chose de sérieux entre cette Espagnole et toi. Voilà ce que je craignais, et ta figure altérée me dit assez que j’avais raison de me tourmenter. Sais-tu au moins qui elle est ?

— C’est la fille d’Antonio Perez, elle m’a tout dit, même sa faute. Comment es-tu au courant… ? M. Brudnel t’a donc, à mon insu, écrit des volumes ? Où a-t-il pris le droit de confesser Manuela qui ne te connaît pas, et moi qui aurais voulu avoir le mérite de mes propres aveux !

— Voilà bien des questions à la fois, mon enfant. Je te répondrai à loisir, et tu verras que sir Richard est digne de toute ta tendresse, de tout ton respect. Je te demande deux ou trois jours pour causer avec toi et conclure.