Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/323

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tuation, il m’eût été impossible de cacher la mienne. Il parut calmé et prit un air de fausse bonhomie pour dire qu’il n’était pas nécessaire de séparer si brusquement la marquise de ses amis dévoués.

» — Et puis, dit-il en s’adressant à Bielsa, je voudrais vous parler.

» Ils sortirent ensemble, et le marquis, froissant un papier entre ses mains, le donna à Bielsa en lui disant d’un ton impérieux :

» — Où est l’enfant ?

» Bielsa vit que c’était une lettre de sir Richard que le marquis avait surprise. Il ne fallait pas espérer de le tromper sur tous les points.

» — L’enfant est mort en naissant, répondit-il.

» — Quelle déclaration a-t-on faite ?

» — Parents inconnus.

» — Qui a enlevé la marquise ? Qui l’a amenée ici ?

» — Moi.

» — Pour la réunir à son amant ?

» — Oh non certes ; mais pour sauver son honneur et le vôtre.

» — Moreno, dit le marquis en tirant un portefeuille de sa poche, tu m’as toujours bien servi, et je t’aimais. Tu viens de me rendre un plus grand service. Je puis compter sur ton silence et sur celui de ta femme.