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Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/340

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époux monteraient en chaise de poste pour se rendre à ce chalet que R. B. a loué dans notre voisinage. Seulement, il voulait donner un peu d’apparat au mariage ; il avait invité les personnes avec lesquelles il était en relations, et la mariée aurait une toilette exquise, un très-bel équipage pour se rendre au temple protestant.

» À cinq heures du matin, nous fûmes réveillées par R. B., qui nous fit prier de nous habiller au plus vite.

» — Venez chez moi, nous dit-il. Laissez vos effets ici. Je vous parlerai chez moi, ma voiture vous attend.

» Et il nous quitta précipitamment.

» Il habite une belle maison qu’il a louée à un kilomètre de la ville. Nous y fûmes rendues un instant après lui, qui était venu et s’en était retourné à cheval.

» Il nous fit monter dans sa chambre et nous dit :

» — Personne ne vous connaît ici, vous pouvez y passer pour des amies ou des parentes, peu importe ; vous serez censées venir, à ma prière, soigner Manuela, très-gravement malade.

» Jeanne s’élança pour courir vers elle, R. B. l’arrêta en lui disant :

» — Ne la cherchez pas, c’est inutile, elle n’est plus ici, elle n’y reviendra jamais, elle ne mérite plus