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Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/154

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grand-père et contre moi, contre vous encore plus. Il assure que vous auriez dû déjà et que vous devez au moins, dans un bref délai, lui déclarer vos prétentions… Il s’exprime ainsi. J’ai dû lui dire que je m’y opposais, et je m’y oppose encore ; mais, s’il s’obstine, comment allons-nous sortir de là ?

— Pourquoi vous opposez-vous à ce que je lui dise mon vœu, chère Lucie ? Vous craignez donc de vous trop engager envers moi en me permettant de m’engager vis-à-vis de votre famille ?

Le grand-père a pris la parole avec un peu d’émotion.

« Oui, voilà la crainte de cette méchante enfant. Elle a beau dire le contraire, elle veut se réserver toujours une porte de derrière.

— Comme c’est vilain, ce que vous dites là, monsieur ! reprit Lucie en secouant et baisant la tête du grand-père. Vous me cherchez toujours des torts, et nous finirons par nous brouiller !… Mais, en attendant, parlons raisonnablement. Dites-moi donc, Émile, ce qui se passe entre nous et où nous en sommes. Nous avons besoin d’une grande explication dont on ne nous a pas laissé le loisir, et que mon père a enfin compris devoir nous permettre avant toute démarche de votre part. Il est sorti pour nous laisser libre de causer tous les trois. J’ai défendu à nos gens de laisser entrer personne ; causons.

— Je suis prêt, Lucie, mais c’est à vous de m’interroger.

— Je ne peux, ni ne dois, ni ne veux vous confesser en détail. Je me contenterai de vous rappeler notre situation au moment où je me suis retirée aux Carmélites. Je vous demandais de me laisser à moi-même pendant quelques jours, et vous reconnaissiez que j’avais le droit de me consulter. Vous me promettiez de m’attendre, et vous m’avez manqué de parole. Vous vous êtes