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vous-même, mon ami, et mettons tout à fait de côté l’influence hors de saison qui a dicté votre dernière lettre.

Lucie.




XVI.

M. LEMONTIER À ÉMILE, À AIX.


Paris, 13 juin 1861.

Je crains que, par suite d’un zèle de jeune apôtre, tu n’apportes un peu trop de rigidité dans tes rapports avec l’entourage officiel ou occulte qui te dispute Lucie.

Ne demandons pas trop aux hommes, dans ce moment de déraillement intellectuel, s’ils sont catholiques, protestants ou juifs. Si l’on y regardait de bien près, on verrait que beaucoup d’entre eux sont tout cela ensemble, et très-païens par-dessus le marché, tant les doctrines tendent à une fusion inévitable en dépit de la prétention à l’immobilité qui caractérise certains adeptes de cette foi à facettes. C’est que la fusion a pour prologue inévitable la confusion.

Mon avis est qu’il faut éviter les discussions vaines et ne point porter le trouble dans les esprits par la guerre aux détails. Beaucoup de chemins conduisent au vrai, et la devise de l’Église est que tout chemin mène à Rome. Demandons aujourd’hui que tout chemin mène Rome à Dieu !

Tracer une route unique et absolue, bâtir des systèmes de toutes pièces, ce serait recommencer l’histoire du passé. L’homme nouveau ne subira plus d’entraves nouvelles. Il aimera encore mieux user celles dont il a l’habi-