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Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/127

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d’aubépine qui séparait le jardin de la petite route. Je la laissai me devancer pour la voir courir. Sa grâce étonnante m’inondait de volupté, mais elle ne s’en doutait pas, et le sérieux de notre entretien l’avait remplie de confiance.

C’était bien ma tante qui arrivait, j’arrêtai l’équipage. Mademoiselle Merquem ouvrit une barrière, et ma tante mit pied à terre avec Erneste, dont la présence me sembla devoir être un obstacle à l’explication. Heureusement, M. Bellac avait fait si lestement sa barbe, qu’il en avait oublié la moitié ; il arriva à point pour offrir son bras à ma petite cousine et l’emmener à la volière, qu’elle désirait voir.

En vingt mots très-nets et brusques avec intention, mademoiselle Merquem mit ma tante au courant et lui résuma notre entretien. Elle s’attendait à une grande surprise de sa part et comptait se baser sur sa première impression. Je n’étais pas sans inquiétude. Un projet aussi romanesque de ma part devait bouleverser les idées de ma tante sur mon bon sens et tous ses rêves pour mon avenir. Ce fut à moi d’être surpris : ma tante sourit tranquillement, me regarda en face, essuya une larme et me dit :

— Embrasse-moi, tu as eu là une idée digne de toi, et j’espère que tu as compté sur moi pour t’aider à la mener à bien. Puisque je marie ma fille et que tu es un homme, je vais ne savoir que faire de mes petits soins et de mes gâteries. Tu m’amènes un enfant. Eh bien, à nous deux, nous allons nous occuper à le rendre heureux et bon.

Puis, se tournant vers mademoiselle Merquem :

— Chère Célie, ma grande voisine, lui dit-elle, vous devez consentir. Nous ne sommes pas riches, vous