Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

désir et la volonté de vous supplanter pouvaient me suggérer.

— C’était votre droit.

— Allons ! vous êtes calme comme un triomphateur, je le vois bien ; mais il faut que vous sachiez tout. Je continue. Elle me retint à dîner, et nous parlâmes ensemble toute la soirée. Elle était d’une douceur admirable dans son entêtement, et même, à mesure que la soirée s’avançait, elle paraissait faiblir dans sa résolution, car, en me quittant, elle me dit qu’elle réfléchirait la nuit, et qu’elle voulait me revoir le lendemain matin pour me dire si elle persistait. Ceci était une petite ruse, elle voulait vous donner le temps de vous sauver.

— Comment dites-vous, monsieur ? répondis-je en posant ma main sur la sienne et en plongeant mes regards dans les siens.

Il eut un éclair d’espérance en me voyant irrité, mais il sentit qu’en donnant suite à l’incident il assumait sur lui le rôle de provocateur. Il se reprit :

— Je me suis servi d’une expression impropre. Vous aviez juré de partir, vous partiez. À onze heures du soir, j’étais au Plantier ; on me disait que vous étiez en route pour Paris, je courais à la gare, — trop tard ; — j’attendis un autre départ. Bref, j’étais chez vous à cinq heures du matin. Je m’y cassais le nez, et je repartais une heure après pour être à midi à la Canielle. J’étais en colère, je ne cachai pas à mademoiselle Merquem que, puisqu’elle m’avait encore berné au moment où je comptais sur sa confiance entière, je saurais vous découvrir pour m’expliquer avec vous.

— Vous plaît-il de me dire quelle explication vous