Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/276

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Je demandai à M. Bellac si, quand les choses auraient repris leur cours habituel, la raison et l’équité triompheraient.

— Je l’espère, répondit-il ; mais il faut une grande patience. Est-ce que cela vous effraye ? Il me semble que le dévouement n’est pas autre chose que la patience.

— Quel droit cet homme a-t-il à mon dévouement ?

— Aucun ; mais mademoiselle Merquem a le droit d’exiger que vous l’aidiez dans la tâche ingrate et douloureuse qu’elle s’est imposée par affection pour vous.

Quand je n’avais pas à agir sur les autres, je redevenais un pauvre amoureux bien peu maître de moi, et j’étais envahi par les faiblesses et les emportements que je reprochais aux autres. Bellac eut à me calmer, et j’eus l’occasion de faire une triste étude sur la nature humaine en sentant que sa tranquille raison irritait ma souffrance. Quand Célie vint nous rejoindre et qu’elle me tendit la main en me demandant pourquoi j’étais troublé, j’eus honte de moi-même, et je priai Bellac de ne pas lui répéter mes sottises.

— Non, reprit-elle, qu’il ne me dise rien. Ne me laissez pas croire que vous faiblissez et que je puis avoir la douleur de me trouver aux prises avec votre lâcheté et celle de Montroger. Je ne sais pas si j’aurais la force de combattre ce double mal. Qui donc me soutiendra et me consolera contre l’égoïste, si le dévoué m’abandonne ?

— Jamais ! jamais ! m’écriai-je. Avez-vous promis un an de grâce à Montroger ? J’accepte !

— Non, certes, répondit-elle, je n’ai rien promis :