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Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/293

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Stéphen s’élança près de moi, prit Célie dans ses bras, et, sans perdre la tête, l’enveloppa de sa vareuse, tandis que j’y ajoutais mon vêtement pour la réchauffer. Je l’avais assise sur mes genoux, il frottait ses mains glacées, je la pressais sur mon cœur éperdu ; elle ne se ranimait pas. Je me rappelai qu’il y avait un chalet dans le parc ; j’emportai Célie dans mes bras, suivi par Stéphen, qui me guidait et me soutenait sur les rapides sentiers. Nous pénétrâmes dans le chalet, dont la première porte était ouverte. La seconde était une porte volante qui nous donna accès dans une pièce chauffée et éclairée où je déposai Célie sur un sofa, près du feu. La chaleur du foyer la ranima, et, dès qu’elle fit un mouvement, Stéphen sortit en me disant qu’il allait monter la garde dehors jusqu’à ce que je vinsse le relever.

— Ah ! mon ami, me dit Célie dès qu’elle put parler, qu’elle triste nuit de fiançailles ! Je me suis trouvée très-malade hier en rentrant. J’ai eu la fièvre toute la nuit. Le matin, je ne sentais plus que de la fatigue. J’ai cru pouvoir surmonter cela. J’ai dit ce soir que j’avais la migraine, mais c’était plus grave. Je réprimais des frissons qui me coupaient la parole. Quand tout le monde a été parti, je me suis ranimée ; j’ai agi, j’ai congédié mes gens, je suis sortie sans bruit, et je suis venue ici allumer ce feu et ces bougies. J’avais des éblouissements. Je me hâtais comme dans un rêve. Je me disais ; « J’aurai la force de l’amener là, et, si je dois mourir, je mourrai dans ses bras. » J’ai pu gagner la porte où vous m’avez trouvée ; mais, là, j’ai eu une vision. Mon grand-père était debout devant moi. Je me suis bien rendu compte que c’était un rêve ; mais d’autres figures confuses m’ont entou-