Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/208

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venaient qu’à la saison des châtaignes, ces arbres d’un si beau rapport ne réclamant aucun soin le reste de l’année.

Nous pénétrâmes, après une longue marche, dans la partie que nous devions habiter. Nous passâmes un ruisseau qui chantait en sautillant à travers ces énormes cailloux de granit ronds comme des pains et gros comme des maisons. Il n’y avait ni pont ni passerelle, on sautait d’un bloc à l’autre. Nous montâmes une petite falaise de rochers et nous nous trouvâmes dans un beau jardin naturel de gazon, de fleurs et d’arbustes. C’était la partie où l’on avait, de tout temps, exploité le granit pour les pays qui n’ont pas de bonnes pierres, et le terrain remué et fumé par les animaux employés aux transports s’était couvert des plus belles plantes ; mais l’exploitation des granits était une pauvre industrie depuis qu’on ne bâtissait plus ni églises ni châteaux. La difficulté des transports était trop grande pour les petites bourses, et, d’ailleurs, là comme partout, il n’y avait plus d’ouvriers. Dumont avait vu partir le dernier et il lui avait loué sa baraque, dix francs pour un an.

— Elle n’est pas belle, nous dit-il en s’enfonçant sous les arbres qui ombrageaient une forte pente, mais elle est solide, assez grande, et bien cachée. Nous l’arrangerons. Tout le terrain environnant nous est loué aussi moyennant vingt francs. Nous avons le droit d’y prendre de quoi bâtir.

Cette baraque n’était, en effet, qu’un campement de carriers ; mais elle eût pu braver un siège quant aux murailles, formées de blocs entaillés de manière à présenter des parois à peu près lisses à l’intérieur. La