Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/307

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testament, qui date du jour où vous m’avez apporté cette somme, a été déposé entre les mains de Costejoux lui-même, qui en ignore les dispositions. Vous conduirez Nanette chez lui et il la mettra en possession de son héritage.

« J’objectai au prieur, continua Dumont, qu’il avait une famille qu’il n’avait peut-être pas le droit de frustrer de cet héritage. Il me répondit qu’il était en règle : que ses frères et sœurs, ayant joui de ses revenus pendant les quarante années qu’il avait passées au couvent, lui avaient offert très honnêtement de les lui restituer, en même temps que sa légitime, et qu’il avait refusé, moyennant qu’ils renonceraient à son héritage, à quoi ils avaient consenti. Il avait cet acte en bonne forme, et la moralité de ses parents était une garantie de plus. Enfin, je devais trouver et j’ai trouvé en effet toutes les pièces dans le portefeuille. Je n’ai pas attendu votre guérison pour écrire à M. Costejoux, qui m’a répondu et qui sera ici ce soir pour vous mettre en possession de vos titres, après toutes les formalités qu’il s’est chargé de remplir. Il vous demandera quel emploi vous voulez faire de votre capital, c’est à vous d’aviser.

— Mon pauvre Dumont, lui répondis-je, je n’y ai vraiment pas la tête, tu vois ! Je ne fais que pleurer. Je ne peux songer qu’à ce pauvre cher homme qui n’est plus là et que je n’ai pas seulement pu remercier de son amitié pour moi !

— Tu le remercieras dans tes prières, reprit Dumont, qui, me regardant déjà comme la femme d’Émilien ne voulait plus me tutoyer, mais qui y retombait de temps en temps, ce qui me faisait plaisir. Je