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V


Je continuais à demeurer avec mes cousins et à tenir leur pauvre ménage du mieux que je pouvais. Mais, comme ils s’absentaient souvent pour leur ouvrage et découchaient quand ils allaient au loin, la Mariotte, ne voulant pas me laisser seule, avait fait porter ma petite couchette dans sa maison. Elle n’était pas fâchée de m’avoir, car c’était une femme seule aussi, veuve, avec des enfants mariés, établis en un autre endroit.

Elle avait de l’_idée_, comme on disait chez nous, et m’apprenait à en avoir ; c’est-à-dire qu’étant très pauvre, elle savait se tirer d’affaire autant par son travail que par l’esprit qu’elle avait pour ne rien perdre et tirer parti de tout. Il y en a comme cela qui, avec un rien chez elles et sur elles, viennent à bout de se tenir propres, de paraître ne point manquer. La plus grande partie des autres femmes de chez nous, même les plus aisées, ne se faisaient point honneur de ce qu’elles avaient, ou tombaient dans les privations pour n’avoir rien prévu et laissé perdre beaucoup de choses.

J’allais apprenant cela et apprenant aussi avec le