Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/119

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— Vous avez daigné demander un bon conseil, lui dis-je, et Narcisse vous le donne avec une rudesse qui est un hommage de plus à votre caractère. Ce caractère est si exceptionnel et si supérieur, qu’il ne s’offensera pas du dévouement et de l’intérêt qu’il inspire. Narcisse vous a dit que vous n’étiez pas ici à confesse, et vous avez répondu : « Je dois, je veux me confesser. » Vous l’avez fait. Votre confession est une justification, nous l’avons très-bien compris. De quoi pouviez-vous, en effet, vous accuser ? De trop de charité chrétienne et de bonté compatissante ? À une pénitente comme vous, nous ne pouvons que dire : « Priez pour que nous soyons coupables comme vous ! » Mais l’affaire ainsi jugée et enterrée quant au passé, permettez-nous de songer au chapitre de l’avenir… À moins pourtant que votre confiance ne s’arrête au fait accompli, et que vous ne nous jugiez indignes de vous comprendre et incapables de vous servir. Quant à moi, vous ne me connaissez pas et pouvez m’imposer silence, mais non me forcer à penser autrement que votre fidèle et véritable ami, M. Pardoux.

— Parlez donc ! reprit-elle ; dites tout ce que vous pensez ; j’ai tort d’hésiter à l’entendre. C’est de l’orgueil, je le sens ! Parlez et ne me ménagez pas ! Vous trouvez qu’un sentiment de compassion m’a entraînée trop loin ?

— Non, certes, non, si tout est fini entre Albany et vous. Oui, assurément, oui, si cette liaison doit continuer.