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Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/231

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— Personne.

— Eh bien, sachez qu’elle m’aime ; j’en suis plus certain que jamais. Vous vous y êtes mal pris pour faire ma commission. J’étais clairvoyant, sincère et dévoué ; vous m’avez dépeint aveugle, vantard et ridicule. Vous avez blessé le cœur de la femme et aigri le caractère de l’homme. J’avais le droit de vouloir me justifier, vous ne m’avez pas laissé, chez vous, la liberté de le faire…

— Pour cela, je vous demande pardon, monsieur. Vous êtes sorti pendant deux heures dans la soirée, au lieu de chercher l’occasion de causer avec elle. Vous le pouviez cependant, sans que je fusse intervenu, si tel eût été le bon plaisir de la personne dont nous parlons.

— Je suis sorti deux heures, espérant que Juliette comprendrait ma souffrance et serait mieux disposée à m’écouter plus tard. Mais vous l’aviez si fort prévenue contre moi, que je n’ai trouvé en elle qu’une femme offensée, jouant très-bien son rôle et vengeant son orgueil blessé avec beaucoup d’ironie et de froideur. Eh bien, j’ai compris son désespoir quand même, et, sur-le-champ, j’ai pris le seul parti digne de moi, qui est de renoncer à l’autre mariage et de lui offrir mon cœur et ma main !

— Ah ! ah ! vous daignez lui offrir ?… Vraiment, vous êtes d’une générosité chevaleresque !

— Raillez tant qu’il vous plaira, monsieur. Si vous êtes