Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/261

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temps ainsi, quoiqu’il me semble très-doux d’être dorlotée comme un enfant. J’ai bonne envie de pouvoir courir au jardin et de revoir bientôt le cher ravin de la Gouvre.

Elle prit ensuite ses arrangements pour quelques jours de convalescence et de paresse qu’elle voulait bien s’accorder. Je devais nécessairement retourner bientôt à mes affaires ; mais il était convenu qu’Hortense viendrait remplacer ma femme. Le docteur comptait partir le lendemain et revenir tous les jours. Narcisse n’était pas mis en question. Il se chargerait de faire travailler et promener Sylvie. Il n’était pas besoin de lui demander s’il quitterait la maison d’une heure, tant que Juliette ne serait pas guérie.

Tout en causant avec nous, elle s’assoupit. On fit silence, on s’éloigna sur la pointe du pied. Le docteur resta seul, avec Narcisse et moi, à la regarder attentivement. L’éclat, peut-être un peu fébrile, de ses joues s’était effacé. Elle devint blanche comme une figure de cire vierge ; le bruit et le mouvement de sa respiration étaient insaisissables. Il y eut un moment où je la crus morte. Mais la physionomie du docteur me rassura. Il tourna légèrement entre ses doigts le poignet affaissé de la malade, et, quand elle s’éveilla, il nous dit qu’il était content de l’état du pouls.

La nuit fut si bonne, que nous étions tous contents le lendemain. La journée confirma nos espérances, et le