Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/40

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— Vous viendrez vous cacher ici avec moi, demain matin ? reprit-il.

— Je n’y tiens en aucune façon, et vous avez le droit de me l’interdire ; vous êtes chez vous.

— Il faut y venir, croyez-moi.

— Je ferai ce que vous voudrez.

— Oui, oui, merci. Vous êtes un homme de bon conseil, vous !… Et si je vous demande le secret…

— Je vous le promettrai, et je vous tiendrai parole. Mais où prétendez-vous nous cacher ? Je ne vois ici aucun moyen de dissimuler notre présence en plein jour.

— Et je ne suis pas aussi facile à cacher, moi, n’est-ce pas ? qu’une fourmi sous une feuille. Nous n’entendrons probablement rien de ce qu’ils se diront, car ils parleront bas, j’espère ! mais nous les verrons très-bien du pavillon.

— Vous vous trompez ; du pavillon, on ne voit absolument rien que le haut des arbustes, le ciel et les toits.

Narcisse remarqua qu’en effet les arbustes avaient si bien poussé, qu’ils remplissaient de feuillage toutes les fenêtres du kiosque ; mais la difficulté fut bien vite levée. Usant de son droit de propriétaire, il fit, avec la serpette, une trouée dans le branchage, et nous ménagea ainsi, sur la palissade, un jour que, du dehors, il était difficile de soupçonner.

Le lendemain, nous étions à notre poste à cinq heures du matin. Nous étions renfermés et silencieux dans le