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Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/60

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promène dans son jardin sans sa permission, et surtout qu’on y entre par-dessus les murs.

Albany, malgré tout son aplomb, se déconcerta.

— Moi ! dit-il, j’entre par-dessus les murs ? Où prenez-vous le jardin où je me livre à cet exercice ?

— Je n’en sais rien ; je suis tout nouveau ici, moi ; mais vous y avez assez pris pied pour connaître toutes les localités, et il paraît, d’ailleurs, que ledit jardin est mitoyen avec celui de la maison de ville, où les acteurs ont un coin pour causer et fumer quand il leur plaît.

— Ceci est exact ; mais le diable m’emporte si je sais ce qu’il y a de l’autre côté du mur !

— On prétend qu’il y a, non pas tout près, mais à deux pas, un couvent de femmes.

— C’est fort possible, dit Albany en se versant de la liqueur pour dissimuler son trouble ; mais qu’a cela de commun avec l’accusation de Narcisse ?

— Il paraîtrait qu’avant-hier au soir, on vous a vu rôder par là.

— Qui ?

— Je ne sais, une servante, un jardinier, quelqu’un enfin assure vous avoir vu marcher, à la nuit tombée, sur les plates-bandes de fleurs de M. Pardoux, et enjamber une barrière, une palissade, une séparation quelconque entre ce jardin et celui des religieuses.