Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/96

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Que ce bois était beau alors ! Il était si épais d’ombrage que la lumière du soleil y tombait, pâle et glauque, comme un clair de lune. De vieux arbres penchés nourrissaient, du pied à la cime, des panaches ininterrompus de hautes fougères. À la lisière, des argynnis énormes, toutes vêtues de nacre verte, planaient comme des oiseaux de haut vol sur les églantiers. Un paysan d’aspect naïf et sauvage nous demanda ce que nous cherchions, et, nous voyant ramasser des herbes et des insectes, resta cloué sur place, les yeux hagards, le sourire sur les lèvres. Il sortit enfin de sa stupeur par un haussement d’épaules formidable, et s’éloigna en disant d’un ton dont rien ne peut rendre le mépris et la pitié :

— Ah ! mon Dieu, mon Dieu !

J’ouvre l’herbier au hasard, quand je suis rendu gloomy par un temps noir et froid. L’herbier est rempli de soleil. Voici la circée, et aussitôt je rêve que je me promène dans les méandres et les petites cascades de l’Indre ; c’était un coin vierge de culture et bien touffu. La flore y est très-belle. J’y ai trouvé cette année-là l’agraphis blanche, le genêt sagitté, la