Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/108

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struction ; toute une vie de labeur et de sentiment sans connaissance suffisante, tout, un monde de rêves et d’aspirations sans certitude positive, sans pouvoir, sans initiative, sans liberté.

Nous ne faisons pas un plaidoyer personnel. Il y a longtemps qu’au spectacle des maux de tous, nous ayons été forcé d’oublier ceux qui ne frappaient que nous-même. Nous ne faisons même pas un plaidoyer particulier pour la cause des femmes ; nous ne séparons pas en causes diverses cette grande, cette éternelle cause des ignorants et des pauvres auxquels Jésus a promis le royaume des cieux, et auxquels l’Église, faute de comprendre les paroles de son sublime maître, a refusé le royaume de la terre. Mais à ceux qui nous traitent, avec un peu de morgue, de discoureur solitaire, nous répondrons très humblement que nous sommes, en France, environ trente millions de prolétaires, de femmes, d’enfants, d’ignorants ou d’opprimés de toute sorte, qui demandons ce que nous devons croire et pratiquer en fait d’idées, ce que nous devons espérer et invoquer en fait d’institutions essentielles. Nous l’avons demandé à tous ceux qui gouvernent l’opinion, ou qui aspirent généreusement à l’éclairer.

Les socialistes nous ont donné des théories dont l’application était défectueuse ou impossible ; les politiques nous ont parlé d’institutions plus claires et plus praticables, mais derrière lesquelles nous n’avons pas bien vu l’idée religieuse et morale qui devait nous rallier et nous faire comprendre nos droits et nos