Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/127

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LE GENDARME.

En voilà d’une autre ! Ce vieux est fou. Pourquoi ai-je un sabre et un cheval, et pourquoi n’en as-tu pas ? C’est la loi qui me donne les moyens de t’arrêter, donc j’ai le droit, en ayant la force.

LE MENDIANT.

Tu te trompes, j’en appelle à Dieu !

LE GENDARME.

Ça ne me regarde pas. Je n’ai de comptes à rendre qu’à mon lieutenant et à mon capitaine.

LE MENDIANT.

J’en appelle à tous les hommes de bien ! Tu n’as pas le droit de m’arrêter, de m’ôter ma liberté.

LE GENDARME.

Tu vas bien voir le contraire si tu résistes.

LE MENDIANT.

Ô mon Dieu ! mon Dieu ! ô hommes, ô mes frères en Jésus-Christ ! est-il possible que cela soit ainsi ? Vous ne m’aviez rien donné, rien laissé sur la terre que la liberté, et vous souffrez qu’on me l’été.

LE GENDARME.

Ne crie pas si fort, ne t’arrête pas pour dire tes prières, ou je serai forcé de te lier.

LE MENDIANT.

Me lier, moi, comme un criminel ? Mais quel est donc mon crime ? Dis, quel crime me reproche-t-on ?

LE GENDARME.

Aucun ; aussi on te fait du bien. Tu étais incommode aux particuliers. Les particuliers se sont cotisés, et maintenant tu n’as plus rien à leur demander. Ce