Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/200

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lutte prendrait un caractère religieux et perdrai beaucoup des dangers de la réaction et des désordres civils ; parce qu’on obtiendrait en même temps, sous votre bannière, un résultat politique important, et un résultat moral immense ; parce que la renaissance de l’Italie sous l’égide d’une idée religieuse, d’un étendard, non des droits seulement, mais des devoirs, laisserait bien loin derrière elle toutes les révolutions des autres pays, et placerait immédiatement l’Italie à là tête du progrès européen ; parce que, dans vos mains, réside le pouvoir de faire que ces deux termes, Dieu et le peuple, trop souvent et fatalement désunis, triomphent tout d’un coup dans une belle et sainte harmonie, pour diriger le sort des nations.

» Si j’étais près de vous, j’invoquerais de Dieu la puissance de vous convaincre par le geste, par l’accent, par les larmes. Je ne puis que confier froidement au papier le cadavre, pour ainsi dire, de ma pensée. Peut-être même la certitude que vous avez lu et médité un instant ce que j’écris, ne me parviendra-t-elle jamais. Mais je sens un besoin impérieux de remplir ce devoir envers l’Italie et envers vous, et, quelle que doive être votre pensée, il me semblera être plus en paix avec ma conscience.

» Croyez, très saint père, aux sentiments de vénération et de haute espérance que professe pour vous votre dévoué,

» Joseph Mazzini.
» Londres, 8 septembre 1847. »